Le collectage des nacres est la première étape de toute activité perlicole.
Pour effectuer un bon collectage des nacres, il faut bien connaitre la biologie de la Pinctada margaritifera var. cumingii
Les grandes lignes
La maturité sexuelle de cette variété est atteinte à environ 1 année.
La reproduction est externe et à chaque période de ponte des millions de gamètes et de spermatozoïdes
sont relâchés en pleine eau.
Les œufs fécondés vont produire des multitudes de larves qui vont nager au grès des courants du lagon pendant environ 3 semaines.
Ces larves sont minuscules, elles mesurent en fin de croissance une taille de 230microns.
Elles va alors chercher un substrat pour se fixer à l’aide de filaments appelés byssus.
Vous pouvez visualiser ces byssus sur les coquilles de moules que nous consommons.
Après la métamorphose, la croissance du jeune naissain est assez rapide.
Les huîtres juvéniles de 2 ans peuvent atteindre 10 à 12 cm.
Si vous vous voulez en savoir plus sur l’écologie larvaire de l’huître perlière, je vous invite à consulter l’excellente thèse présentée par Yann THOMAS à l’université de Bretagne Occidentale.
Choisir le moment propice pour le collectage des nacres.
Bien que la ponte des nacres se fasse tout au long de l’année, les périodes les plus propices sont au moment des changements de saison, c’est à dire en février/mars ou septembre /octobre.
Les changements de températures de l’eau du lagon déclenchent la ponte des Pinctada margaritifera.
L’été austral apparaît cependant comme une période privilégiée .
Voila un magnifique collecteur rempli de nacres d’environ 12 mois.
De quoi avoir être optimiste !
Le potentiel est énorme car une ligne de collectage contient des centaines de paquets comme celui-ci.
La matière première est là, l’aventure de la perle peut commencer.
Le collectage
A ses débuts de très nombreuses matières ont été utilisées.
Des fagots de Miki miki , un arbuste au bois imputrescible, de la bourre de coco et même des déchet de caoutchouc provenant de la fabrique des sandales.
Les dernières techniques retenues ayant fait leur preuves sont de fines bandelettes de tissu d’ombrière enfilées sur un bout afin de confectionner une espèce de guirlande. Celle ci est installée sur une filière a très faible profondeur, de préférence sous le vent.
Les larves de nacres nagent et dérivent au grès des courants et lorsqu’elles rencontrent nos collecteurs vont s’y fixer et développer une coquille.
Au bout de quelques mois , elle seront soigneusement détachées de leur support en coupant le bissus qui les retiens et partiront grossir le cheptel de la ferme .
Elles seront entretenues, nettoyées régulièrement pendant 2 à 3 années avant d’être présentées à la greffe en perle.
Il existe différentes façons de s’approvisionner en huîtres perlières en vue de produire des perles de Tahiti
- La plonge des nacres est une activité désormais interdite. Elle consistait à prélever les nacres naturelles sur le fond des lagons. Une opération dangereuse car pratiquée en apnée à ses débuts par les polynésiens.Elle a permis d’alimenter en coquille d’huître, pendant des années l’industrie de la marqueterie et de fournir en nacres vivantes la perliculture à ses balbutiements.
- Le transfert de nacres est aussi une solution mais il présente de nombreux risques. La pollution génétique entre différentes populations de Pinctada qui auraient évoluées de façon différentes. Le propagation de parasites, éponges ou organismes vivants dans les collecteurs transférés. L’équilibre fragile d’un lagon peut être, comme celui de Manihi , totalement bouleversé par l’introduction de ces indésirables.
- La production de naissains en écloserie est une opération très technique difficile à maitriser.
- Le collectage des nacres, traditionnel, il reste la méthode la plus classique et la plus accessible pour une ferme familiale artisanale.
Mais là, c’est une autre histoire qui débute, celle de la plus belle des perles de cultures aux reflets uniques, la Perle de Tahiti !